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Cet été, j’ai passé un week-end dans cette incroyable ville qu’est Londres. Etant passionné par le Jiu-Jitsu brésilien, je ne pouvais pas manquer de faire un saut à la Roger Gracie Academy! Voici le récit de mon entraînement à Londres, à l’académie d’une des plus grandes légendes du JJB !
Quelques jours avant le départ pour Londres
Quelques jours après avoir décidé sur un coup de tête de partir à Londres, j’ai une lumineuse idée qui me vient à l’esprit (ça m’arrive des fois):
Hey, mais tiens, pourquoi j’irais pas tester un club de Jiu-Jitsu Brésilien pendant mon séjour à Londres? Comme ça, si la ville est pourrave, tout ne sera pas perdu!
A ce moment-là, j’étais plutôt sceptique par la « hype » autour de Londres, malgré mes nombreux amis, fans de cette ville. Je ne savais pas encore que j’allais bientôt faire partie de ce fan-club, que j’avais si longtemps rebuté!
Et quelques secondes plus tard, une bonne idée en amenant une autre, un éclair de génie (hum,hum…) jaillit de ma tête:
Et tant qu’à faire, pourquoi je n’irais pas essayer un cours chez l’illustre, que dis-je, le légendaire Roger Gracie ?
Ni une, ni deux, je m’en vais chercher leur site internet et j’envoie un mail pour leur demander s’il serait possible de faire un cours d’essai gratuit comme ils le proposent. Le lendemain, je reçois une réponse de Bruno Souza, la personne qui s’occupe de l’accueil et de la logistique du club, qui m’invite à venir m’entraîner avec eux durant mon séjour à la capitale britannique.
Mais c'est qui ce Roger ?
14 fois champion du monde, dont 4 titres dans la catégorie absolue (i.e la catégorie sans limite de poids). C’est tout ce que vous devez savoir du légendaire Roger Gracie, considéré par les spécialistes comme étant le plus grand compétiteur de Jiu-Jitsu Brésilien à avoir mis les pieds sur un tatami.
Il a gagné à peu près tous les titres majeurs qui existent:
- Championnat du monde (14 fois);
- ADCC, dans sa catégorie et en absolue. Fait majeur: ils gagnent ses 8 combats en soumettant à chaque fois ses adversaires. Exploit jusque là jamais réalisé;
- Open Européen de JJB;
- Pan Ams;
- Championnat du Brésil.
Sa soumission favorite est l’étranglement depuis la montée (cross collar choke pour les anglophones).
Après avoir marqué pour toujours le monde du JJB, Roger Gracie combat maintenant en MMA.
La Roger Gracie Academy
Une fois descendu du train, je file à Notting Hill où se situe la Roger Gracie Academy. J’en profite pour flâner dans le quartier où Londoniens et touristes affleurent pour son célèbre marché aux puces le samedi. Déjà arrivé, j’adore l’ambiance. On sent que la ville est pleine de vie. Si en plus le cours de JJB est à la hauteur de mes espérances, ce sera la cerise sur le gâteau!
Après m’être régalé d’un wrap au poisson grillé et d’une barquette de fraises achetés au marché pour quelques pounds, je pars pour l’entraînement avec une petite boule au ventre. Et merde, c’est dans un coin tout pommé de Notting Hill et je trace comme un fou pour ne pas arriver en retard. Ce serait trop la honte!
Une fois arrivé dans l’enceinte du club, je suis rapidement mis à l’aise par Bruno. J’ai de la chance, ils viennent de changer de locaux. L’académie est toute neuve, tout est clean. Les vestiaires sont agrémentés de bancs en bois avec de jolis casiers en bois massifs à clé, qui ne fait que rehausser le chic de l’établissement. Je suis resté bouche bée lorsque j’ai vu que la salle de combat était climatisée. Et je ne vous raconte pas mon agréable surprise lorsque j’ai vu qu’il était possible de régler la puissance de l’eau et la température individuellement dans les douches. A côté, mon club a l’air tout pouilleux (même si dans l’absolu, mon club est top)! J’ai l’impression d’être Cendrillon qui découvre la vie de château…
L’enseignement n’en est pas pour autant décevant. Les cours sont dispensés par des professeurs qualifiés, dont l’homme qui a formé le multiple champion du monde: Mauricio Gomès, ceinture noire et rouge 7ème dan.
Et l’entraînement commence
Je me change rapidement dans les vestiaires et file sur les tatamis. A la Roger Gracie Academy, les séances durent une heure et sont réparties par niveau. J’ai choisi un cours débutant et je m’étais dit que je resterais tourner un peu à l’heure suivante consacrée aux combats.
Je vois mes camarades du jour, ceintures bleues et blanches, d’une à quatre barrettes, alignés contre le mur dans un ordre disparate. Je cherche à quel bout me placer, mais un des élèves m’annonce gentiment qu’on ne s’aligne pas par niveau ici. Soit!
Premier constat:
Mais il y a plein de filles!
Un tiers des élèves sont du sexe féminin. Rien à voir avec les académies françaises. La popularité outre-Manche du JJB a l’air bien plus élevée qu’en France.
Armé de son kimono blanc impeccable marqué de l’écusson de la RGA (Roger Gracie Academy) et de sa ceinture noire, le prof arrive et salue chaque élève chaleureusement un par un. D’après mes souvenirs, il s’agit d’Henrique Jr. Arrivé à mon niveau, je lui tends ma fiche « Visiteur » et le grand bonhomme au sourire généreux me gratifie d’un:
« De Donde estas? »
J’ai à peine le temps de me demander pourquoi il me parle en Espagnol que j’entends mon cerveau pédaler à toute vitesse pour rassembler le peu de connaissances qu’il me reste du Lycée.Je lui réponds en trombe que je viens de France. Il me salue, on rigole et on commence le cours.
L’entraînement durera donc une heure et sera divisé en 4 parties : Echauffement, Techniques, combats à thème et étirements.
L’échauffement
L’entraînement commence par un échauffement de 10 minutes. Un élève brésilien qui parle français m’invite à me placer bien dans l’alignement des élèves qui sont devant moi. S’ensuit alors un petit échauffement simple avec des pompes, langoustes sur place, pontages, jumping jack, chandelles-triangle, abdos.
L’échauffement est plutôt gentillet. Rien à voir avec les échauffements de 25 minutes que nous font faire certaines ceintures noires dans mon club, avec des sprints, des cloches-pieds en tournant sur soi, des courses autour du tatami avec son partenaire sur le dos ou des accélérations avec un partenaire qui nous retient à la ceinture. Ni même des éducatifs simples (mais ô combien important) réalisés sur la longueur du tatami.
La technique
Pour commencer, nous voyons une technique de self-défense où on apprend à se relever en sécurité après que notre opposant nous ait poussé au sol.
J’ai beaucoup apprécié cette partie car c’est quelque chose que nous ne faisons pas dans mon club alors que je pense que c’est important d’apprendre cela lorsqu’on débute le Jiu-Jitsu Brésilien. Sans oublier qu’à l’origine, le Jiu-Jitsu Brésilien est un art martial (même s’il dérive aujourd’hui vers le versant « sport » tel le judo).
Ensuite, nous étudions un étranglement depuis la position en croix. Les nombreux détails que donnent Henrique Jr. sont très intéressants et je commence à entrevoir la qualité de l’enseignement qui est fourni dans cette académie. De plus, Henrique Jr. et un élève en ceinture violette qui lui sert d’adjoint, scrutent consciencieusement chaque élève pour rectifier leurs erreurs et leur apporter leur aide.
Pour finir la partie technique, nous verrons une variation de la technique précédente, pour passer le genou sur l’estomac si l’adversaire défend l’étranglement.
La partie technique aura duré environ 35 minutes.
Combats à thème
Une fois avoir répété plusieurs fois les techniques, on passe enfin à la bagarre! S’ensuivront 2 combats à thèmes de 3-4 minutes avec le scénario suivant:
- Un des partenaires sur le dos pendant que l’autre est en position de croix sur le premier;
- Le premier doit reprendre la garde tandis que le second doit soumettre ou prendre la montée ou le dos.
Ces combats nous permettent de revoir les techniques que nous avons vues précédemment. Mais comme toujours, difficile de passer des techniques quand l’adversaire s’en méfie!
Je trouve que les combats sont très courts. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils faisaient 5 minutes. Plutôt 3 minutes.
A la Roger Gracie Academy, les élèves ont des barrettes blanches sur leur ceinture pour repérer leur niveau. Comme mon club n’en dispense pas, je me retrouve avec des adversaires qui semblent avoir moins « d’expérience » que moi (si on peut parler d’expérience ;-)) contre qui je tourne sans réelle difficulté.
Lors du 2ème randori, je propose à un élève ceinture blanche avec 3 barrettes car j’aime bien la difficulté (je trouve que ça aide à progresser plus vite) et j’ai envie de jauger mon niveau. Malheureusement, il « échangera » avec quelqu’un d’autre et je me retrouverais avec un autre élève sans barrette qui se trouve être Français.
Gentillesse ou dénigrement? Je ne le saurais jamais, mais ce qui est sûr, c’est que je suis frustré par le manque de temps alloué aux combats. J’ai l’impression de ne pas avoir combattu et c’est très frustrant.
Malheureusement, je ne pourrais pas me rattraper sur l’heure suivante car c’est apparemment un cours pour les avancées et non un créneau de randori. Un cours d’une heure, c’est vraiment trop court!
2 combats à thème de 3-4 minutes avec une pause de 2 minutes entre les 2, ça fait à peine 8-10 minutes!
Des étirements pour finir
Pour terminer le cours en bonne et due forme, nous finissons par des étirements pendant 2-3 minutes. On salut le prof tour à tour et on repart dans les vestiaires!
En conclusion
Un club qui propose un enseignement de qualité
Dans l’ensemble, j’ai plutôt bien aimé l’expérience de suivre un cours de l’autre côté de la Manche, et qui plus est, à la Roger Gracie Academy!
Leurs nouveaux locaux sont incroyables, le prof nous met à l’aise et l’ambiance est très bonne. Travailler des techniques de self-défense m’a beaucoup plus. Quant au niveau de détails qu’offre le prof et l’attention qu’il porte aux élèves, on a vraiment la sensation d’être dans de bonnes mains.
1h de cours laisse peu de temps au combat!
Malheureusement, tout n’est pas parfait à mon goût. Premièrement, je trouve qu’une heure de cours, c’est trop peu! A la RGA, il y a de nombreux créneaux horaires tous les jours, mais ils ne durent à chaque fois qu’une heure pour les débutants et les intermédiaires. Seuls les élèves avancés ont droit de temps en temps à des cours d’une heure et demie. Clairement, la RGA privilégie l’enseignement en petite quantité, mais à une fréquence élevée.
De mon point de vue, une heure de cours ne permet pas du tout de se sentir fatiguer (au vu des élèves, je n’étais pas le seul). C’est dommage car la sensation de fatigue est un élément important pour progresser rapidement:
- Lorsqu’on a plus de force, on est obligé de ne compter que sur la technique;
- Avez-vous déjà ressenti la sensation d’avoir les poumons vidés et de ne plus pouvoir respirer? De vous demander quand va sonner cette foutue cloche, 5 minutes ne peuvent pas être aussi long ! Combattre dans la fatigue forge le mental et nous rend plus courageux.
Avec une heure, on a pas le temps de faire beaucoup de combats et je trouve que la mise en pratique est extrêmement importante et qu’elle mérite autant de temps que la partie technique. Après tout, le jiu-jitsu brésilien est un art martial!
Dans mon club actuel, je m’entraîne 2h par session, 3 fois par semaine. 10-15 minutes d’échauffement et d’éducatifs, 45 minutes de techniques. 45-60 min de combat. Vers la fin, je n’ai plus la force de rien, je traverse le tatami de long en large après mes derniers randoris, dans ma bulle, le regard défocalisé, avec pour seul objectif de retrouver mon souffle. A peine ai-je le temps d’en reprendre une bouffée que la cloche sonne pour le prochain combat. La minute de récup’ est passée et nous voilà repartis pour 5 minutes de combat. Vous avez tous vécu ça et vous savez à quel point on se sent bien lorsqu’on a donné tout ce qu’on avait au point de ne plus avoir la force de lever les bras.
On a puisé tout au fond de nous pour chercher la moindre once de force et on a la sensation d’être allé au bout des choses. Et ça, c’est simplement bon ! Bon pour le corps, bon pour l’esprit.
La répartition des élèves par niveau: un bien comme un mal
Ce que je trouve intéressant aussi, c’est de pouvoir tourner avec des gens de tout niveau, de la blanche à la noire. J’ai la chance d’avoir des gens de tout niveau dans mon club avec qui je peux tourner et c’est tellement enrichissant. Grâce à cette diversité, j’ai l’impression de progresser rapidement. Une ceinture marron peut vous dire une phrase qui vous permettra de faire 1 pas de géant dans votre progression. Une ceinture noire qui vous dit que vous avez progressez (même s’il vous a évidemment maté) rebooste votre moral et vous motive à continuer assidument votre entraînement régulier. Je dis marron ou noir, mais tous les élèves, quelque soit leur niveau m’ont aidé directement ou indirectement à progresser.
J’ai trouvé ça dommage de voir les cours sectoriser par niveau à la RGA. Evidemment, ça permet aux élèves de voir des techniques adaptées à leur niveau et ça diminue le nombre d’élèves que le professeur doit gérer à chaque cours. Mais d’un autre côté, on perd la richesse du partage et la transmission du savoir entre les différents grades.
Malgré tout, je répète que j’ai adoré mon expérience à la Roger Gracie Academy (même si je préfère la façon de fonctionner dans mon club, normal!) et je recommande à chaque passionné de JJB de passer leur faire un petit coucou lors d’un saut à Londres et leur montrer le niveau francophone :-).
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Super article de qualité. J’ai beaucoup aimé la conclusion 😉
Merci Adrien, ça me fait très plaisir et ça me motive à publier de nouveaux articles 🙂
Sympa ! Et au niveau tarif tu sais ce que ça donne ? juste pour avoir un point comparatif.
Je crois que c’est autour de 100 livres par mois (120 euros).
C’est un club très cher. Il suffit de voir les belles bagnoles qui sont garées devant l’entrée.
Il parait qu’on trouve des clubs moins chers là bas.
En tt cas, en France, on a la chance de pouoir pratiquer le JJB a des tarifs bien plus raisonnables.
Bravo, je ne vois d’articles récents .